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Les Histoires Biens de Heihachi
4 novembre 2007

Chapitre 3

Les véhicules passaient dans la ruelle dans un mouvement semblant aussi méthodique que répétitif, et la vieille dame tentait de traverser : en vain.
Sa vitesse lente et moche ne pouvait contenir la rapidité successive et monstrueuse des engins qui dévalaient cette voie à des vitesses folles, aussi dut-elle attendre, patiemment, que le temps s'écoule.
Elle crut un moment que celui-ci fut venu, mais non, ce n'était qu'une feinte : une file de dangereux cubes motorisés passèrent à nouveau, l'empêchant de faire un quelconque mouvement vers l'avant.
C'est à cet instant que Heihachi sortait de chez lui : il avait mis son plus beau slibard, des vêtements semblant propre et un costume trois pièces qui le rendait vraiment chic ; regardant d'un rapide coup d'oeil à droite, puis à gauche, il passa le trottoir d'un long pas et commença sa traversée de la route, sûr de lui.
Un crissement de pneu, un bruit de choc : Heihachi se retourna, mais il était déjà loin, et ne ralentit pas le pas.
Peut-être était-ce cette dame qu'il avait légèrement bousculée en passant.
Après tout, quelle importance ?
Son ami Mitchi lui avait écrit, et c'était là ce qui comptait pour le moment.
Aussi, et ce sans stratégie, il se dirigea vers son lieu de travail : la Mishima Corporation.
 
La standardiste qui faisait office de réceptionniste était toujours aussi charmante : mademoiselle Hwoarang, puisque c'était son nom, fit un beau sourire au nouvel entrant avant de prendre un appel qui arrivait.
Heihachi quant à lui savait où était son bureau, et c'est donc fier qu'il en prit la direction.
Mais il croisa Jin dans les couloirs, et une discussion s'engagea alors de manière tout à fait impulsif :
 
- Hey, Heihachi, comment vas-tu !
- Je...
- En effet, je vois ça ! Mais je croyais que tu étais mort depuis notre dernière affaire, que fais-tu donc ici ?
- Eh bien...
- Je comprends, mais depuis, nous t'avons remplacé ! Alala, tu me mets dans une position fâcheuse et délicate, mon ami !
- Que...
- Allons, vous allez bien pouvoir faire équipe, je te laisse faire sa connaissance ! A plus !
 
Sur ces dernières paroles, l'homme à la coiffure noire et patron des lieux à ses heures s'en alla, laissant Heihachi sans voix et sans moustique.
Remis de ses émotions après quarante neuf minutes et cinquante dix sept secondes de stabilité orthographique, il se dirigea vers ce qui était anciennement son bureau : et là, surprise.
Ce qu'il vit était horrible.
A la fois beau et mystique.
Oui.
C'était lui : le coiffeur suédois du nom de Ogueur.

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3 novembre 2007

Chapitre 2

Les feuilles mortes tombaient des arbres.
Le jour se levait petit à petit dans l'appartement de Heihachi, avachi sur son superbe canapé qui avait vu passer sa couleur de noir foncé à noir clair dans les dernières heures de sa vie nocturne.
Quelques oiseaux piaillaient au dehors, et notre héros n'aimait pas cela.
Ces sons l'agaçaient, l'irritaient, le réveillaient.
Et c'est ainsi que commença une mauvaise journée.
Se grattant la tête en tentant vainement de se relever, il comprit que son mal de dos chronique était revenu.
Il fallait bien dire que dormir dans pareille position, la tête perpendiculaire au corps et à moitié assis, n'était pas de tout repos.
Enfin, Heihachi préféra finalement tenter une roulade saltoïque afin de se relever, et se retrouva par terre en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.
Grommelant des choses incompréhensibles et que, de toutes les façons, la morale réprouve sans aucun doute, l'homme se leva cette fois et se traîna jusqu'à sa salle de bains où - comble de l'ironie - ne se trouvait en fait qu'une cabine de douche et un lavabo.
Ouvrant le robinet d'eau froide, le son de cette eau s'écoulant lui donna soudain envie d'aller au petit coin, ce qu'il s'empressa de faire sur-le-champ ; malheureusement pour lui, c'est cet instant sacré que choisit le livreur de courrier - autrement dit le facteur - pour sonner à sa porte.
Décidé à ne pas se faire malmener par la vie, Heihachi prit son mal en patience et se dirigea de manière spontanément énervée vers la porte de son bel appartement aux couleurs froides et ternes.
Après avoir déverrouillé l'accès vers l'extérieur, la porte s'ouvrit devant un homme assez jeune de type asiatique, à la tunique jaune caractéristique des employés de la P.O.S.T.E., sigle dont notre bon Heihachi n'avait jamais saisi la signification pourtant simpliste.
Le courageux travailleur qui travaillait par temps froid ou chaud selon les saisons fit un bref "Brrrrr..." pour rappeler que l'extérieur était plutôt tiédasse en cette saison, et il donna en mains propres une lettre à Heihachi qui ne le remercia pas, ayant froid aux pieds.
Après avoir refermé la porte derrière lui et verrouillé à nouveau l'accès afin qu'un charlatan ne vienne pas le déranger dans sa prière, notre héros s'avança dans son appartement en analysant cette enveloppe qui protégeait le courrier.
Était-ce un piège ?
Avait-il eu raison de fermer la porte une première fois sur les doigts de cet employé de la P.O.S.T.E. ?
Pourquoi la queue du cochon est-elle en tire-bouchon ?
Il aurait sans doute toutes les réponses à ces questions en ouvrant la lettre.
Heihachi retourna donc dans son salon et, s'asseyant, s'empara de son coupe-papier et sortit le courrier :   

Salut Heihachi,

Ça fait une paye mon vieux !
Comment vas-tu ?
Je ne sais pas si tu te rappelles de moi, on était à l'école de police ensemble.
Je me souviens encore du jour où tu as eu cette conjonctivite, c'était vraiment flippant !
La doctoresse avait remarqué que tu n'avais plus de pouls, mais personne ne s'en était alors inquiété.
Enfin bref, je voulais te dire que j'allais venir en ville d'ici une ou deux semaines, on pourrait se revoir, qu'en penses-tu ?
J'ai lu quelques uns de tes rapports sur ton site en ligne, et ils sont mathématiquement biens !

En plus, j'aurais aimé étudier de près cette météorite qui est tombée l'autre jour dans le jardin des Ramon.
Je sais que tu as dû voir des photos, mais elles sont truquées : les extraterrestres ne jouent pas au tennis.
De toute façon je t'appelle quand je suis à l'aéroport, tu viendras me chercher, hein vieux frère ?

Allez je te laisse.
A+

Signé : Mi-Chan, un mec chaud.

PS : Tu as eu raison, ne t'inquiète pas.
PS2 : En fait, c'est le tire-bouchon qui est en forme de queue de cochon.
PS3 : Pas encore de bon jeu sur cette console...

Heihachi n'en crut pas ses oeils : il allait revoir Mitchi, ce bon vieux Mitchi, lui qu'il n'avait pas vu depuis des années ?
Le reconnaîtrait-il ?
Faisait-il toujours aussi bien les uppercuts à la sauce soja ?
Heihachi se souvenait du bon vieux temps, quand il s'amusait avec Mitchi à jeter des excréments, ou qu'il tentait d'accoupler un hamster avec un hippopotame.
Tant de souvenirs lui revenait en mémoire, tant de choses restées en cage qui semblaient se libérer au gré du vent...
Un rayon de soleil apparut dans le ciel d'Oulossis.
Ça y est : la journée pouvait enfin commencer.

25 octobre 2007

Chapitre 1

La ruelle était déserte, silencieuse, sombre.
Les clés avec lesquelles il jouait dans sa poche résonnaient d'un tintement irrégulier, et les sons étaient presque imperceptibles.
Il marchait d'un pas lent, profitant de l'air frais d'un hiver de novembre arrivé trop tôt.
Son souffle se percevait au loin, créant une fumée qu'on aurait pu assimiler à celle d'une cigarette.
Mais Heihachi ne fumait pas.
Non, bien sûr.
Il se bourrait la gueule parfois, un soir où il se sentait moins bien ; évidemment, cela arrivait.
Son lieu de réflexion favori était sans doute ce bar du coin, tenu par de ravissantes soeurs que tout semblait opposer, sauf la bêtise.
D'ailleurs, il avait longtemps cru que l'une était la mère de l'autre, mais non.
Il posa son épaule sur un des murs froids se trouvant non loin de lui.
Son regard se posait au loin, vers les réverbérations des lampadaires.
Attendait-il quelqu'un...?
Un dealer, ç'aurait été trop immoral pour un flic, un simple flic.
Une femme alors ?
L'endroit n'était pas de ceux rêvés pour un rendez-vous, mais comme vous le savez peut-être - ou peut-être pas d'ailleurs, Heihachi était bien le genre de personne à faire ce genre de chose n'importe où, n'importe comment, avec n'importe qui.
Xiaoyu Ling ?
Il ne fallait tout de même pas pousser.
Malgré son âge - certains pensent qu'il se rapproche de celui du capitaine, Heihachi n'a jamais sombré dans la nécrophilie.
Enfin, nous nous égarons, et sombrons dans l'immoral...
Attention : un homme arrive.
Il tient quelque chose, et s'approche d'un bon pas.
Lorsque Heihachi le voit, il s'écarte du mur près duquel il s'appuyait jusqu'à présent, puis fait deux pas : l'un du pied gauche, et l'autre du pied droit.
Tout cela est bien sûr très rapide et en même temps très lent, d'où l'intérêt de rajouter cette phrase que vous lisez en ce moment et qui ne sert absolument à rien.
Au bout d'un moment, Heihachi et l'inconnu se rencontrèrent : l'inconnu tendit un paquet à l'autre, et une discussion s'engagea alors :

- Salut. Tu l'as ?
- Bien sûr.
- OK. On avait dit 50 écus, c'est ça ?
- Merci.

Heihachi s'empara du paquet, et l'autre homme disparut par le chemin d'où il était venu.
L'histoire ne dit pas ce qu'il fera la reste de la soirée.
Pendant ce temps, et copiant sans vergogne son homologue anonyme, notre héros au grand coeur tourna également l'étalon, et reprit sa marche, son paquet sous le bras.
 
Nous retrouverons notre homme quelques instants plus tard, devant chez lui.
Les clés se retrouvent alors dans sa main, et cette dernière s'avance vers le mécanisme permettant d'ouvrir la porte de son appartement.
Oui, il s'agit bien d'une serrure.
Un claquement, puis la poignée s'abaisse et la porte s'ouvre : et là, le spectacle était organoleptique : une grande pièce seulement éclairée par les néons extérieurs rendait une lumière bleutée ; une table basse de taille moyenne trônait au centre, là également où se trouvaient une PlayStation 2, deux ou trois bouteilles de vodka et quelques magazines olé-olé.
Ce n'était en effet plus un secret pour personne, mais le père de Heihachi était bel et bien espagnol.
Posant sa monnaie là où la place le permettait, Heihachi posa son paquet sur le canapé en cuir d'un noir éclatant, et son blouson sur un porte-manteaux qu'il fallait sans doute deviner.
Une fois le manteau à terre, Heihachi se dirigea vers sa cuisine américaine : il ouvrit son réfrigérateur, et en sorti une bière dont il fit sauter le bouchon d'un geste expérimenté et sûr, aussi vif que délicat.
D'ailleurs, cette facilité à faire sauter la capsule lui avait été léguée par un frère d'arme avec qui il fit ses classes dans un tournoi quelconque.
Après un petit tour dans la pièce où son regard se perdait comme absorbé par des pensées iconoclastes, notre homme s'affala dans son magnifique divan en peau de tigre, celui-là même que Ken tua pour teindre son fier kimono.
Ah, la bonne époque.
Heihachi y songeait souvent.
Posant sa bière sur sa table basse en bois brut, il se saisit en échange d'un courrier situé au-dessus d'une pile d'albums de bandes dessinées : il le relit deux fois, puis le posa près de lui, se prenant la tête dans ses mains, le corps en arrière, totalement relâché.
Une nouvelle affaire ?
Non, il était trop tôt.
Quoi que.
Son réveil indiquait tout de même les 23 heures.
C'était l'heure où, par le passé, il avait fait tant de ravages.
Il s'en rappelait, vaguement, par intermittence.
Il fallait dire que l'alcool n'avait rien arrangé, et son âge ne l'aidait pas.
Une bonne nuit de sommeil, voilà ce qu'il lui fallait.
Sans même bouger de son siège, il s'allongea, puis se laissa aller à des rêves plus doux.
Ce paquet qui contenant son repas à base de riz thaïlandais allait refroidir, c'était sûr ; mais après tout, un bon cacao le lendemain, et tout serait oublié...

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