Chapitre 3
Les véhicules passaient dans la ruelle dans un mouvement semblant aussi méthodique que répétitif, et la vieille dame tentait de traverser : en vain.
Sa vitesse lente et moche ne pouvait contenir la rapidité successive et monstrueuse des engins qui dévalaient cette voie à des vitesses folles, aussi dut-elle attendre, patiemment, que le temps s'écoule.
Elle crut un moment que celui-ci fut venu, mais non, ce n'était qu'une feinte : une file de dangereux cubes motorisés passèrent à nouveau, l'empêchant de faire un quelconque mouvement vers l'avant.
C'est à cet instant que Heihachi sortait de chez lui : il avait mis son plus beau slibard, des vêtements semblant propre et un costume trois pièces qui le rendait vraiment chic ; regardant d'un rapide coup d'oeil à droite, puis à gauche, il passa le trottoir d'un long pas et commença sa traversée de la route, sûr de lui.
Un crissement de pneu, un bruit de choc : Heihachi se retourna, mais il était déjà loin, et ne ralentit pas le pas.
Peut-être était-ce cette dame qu'il avait légèrement bousculée en passant.
Après tout, quelle importance ?
Son ami Mitchi lui avait écrit, et c'était là ce qui comptait pour le moment.
Aussi, et ce sans stratégie, il se dirigea vers son lieu de travail : la Mishima Corporation.
La standardiste qui faisait office de réceptionniste était toujours aussi charmante : mademoiselle Hwoarang, puisque c'était son nom, fit un beau sourire au nouvel entrant avant de prendre un appel qui arrivait.
Heihachi quant à lui savait où était son bureau, et c'est donc fier qu'il en prit la direction.
Mais il croisa Jin dans les couloirs, et une discussion s'engagea alors de manière tout à fait impulsif :
- Hey, Heihachi, comment vas-tu !
- Je...
- En effet, je vois ça ! Mais je croyais que tu étais mort depuis notre dernière affaire, que fais-tu donc ici ?
- Eh bien...
- Je comprends, mais depuis, nous t'avons remplacé ! Alala, tu me mets dans une position fâcheuse et délicate, mon ami !
- Que...
- Allons, vous allez bien pouvoir faire équipe, je te laisse faire sa connaissance ! A plus !
Sur ces dernières paroles, l'homme à la coiffure noire et patron des lieux à ses heures s'en alla, laissant Heihachi sans voix et sans moustique.
Remis de ses émotions après quarante neuf minutes et cinquante dix sept secondes de stabilité orthographique, il se dirigea vers ce qui était anciennement son bureau : et là, surprise.
Ce qu'il vit était horrible.
A la fois beau et mystique.
Oui.
C'était lui : le coiffeur suédois du nom de Ogueur.