Heihachi roi d'la route
« Moi, Heihachi de la corporation Mishima, a été formé afin de combattre la haine et la justice et de protéger les faibles de l'armistice. »
Telle était la devise de notre héros. Sauf que sans armes, Heihachi ne valait pas un rond. C'était durant sa pause déjeuner quotidienne, entre deux services, qu'Heihachi s'aperçut de la banalité de son arme fétiche : Un Colt cinq sang 40 n'oeuf gravé au feu de bois et numéroté à l'encre chino-japonaise.
- « Tavernière ! » dit-il, « où pourrais-je donc bien me procurer une arme capable du pire comme du meilleur? »
La jeune et soigneuse Anna lui répondit : « dégage de mon bar ivrogne ou j'appelle les keufs ! »
En effet, le problème était qu'Heihachi venait de s'enfiler une semi-douzaine de cocktails Dry à la cuillère et pas au shaker ni au Moulinex et qu'il n'arrivait plus à articuler comme il l'aurait désiré et parlait vraiment très fort. Celui-ci partit vitesse une idée en tête et sans régler ses consommations. Il vomit sur un passant et rejoignait bientôt son siège de bureau. Confortablement installé sur son coussin-péteur entreposé lui même sur un faux fauteuil en marbre, Heihachi décida de prendre un bain. L'homme propre, les fraîches idées biens dégarnies, les bourses en poches, il s'apprêtait à quitter les lieux afin de trouver un Computer MACmaismesamism'appellentmacdonald's© lorsque soudain, attention Bruce, il vit à, à peine quelques mètres de lui, un fond de bouteille d'une vieille liqueur nigeroise.
« Santé ! » dit-il, puis se reposa.
La larme à l’œil, le main dans le futal, il s'était réveillé. Il regardait dans l'annuaire les numéros proposés pour un lien via une boutique de Gun ou de lingerie féminine - oui, Heihachi s'absentait parfois bien trop facilement. Ses yeux pétillèrent à la vue d'une annonce : "Chez Jack, le roi du Gun". Parfait dit-il ! Le numéro en tête, il se précipita sur son combiné vintage pour y inscrire les quelques chiffres. Sauf que, faute de mémoire, il retourna de nouveau vers son annuaire téléphonique - Heihachi avait trouvé rigolo le fait de coller son combiné sur un pupitre pour faire comme dans les cabines téléphoniques publiques - alors que son téléphone pas mobile se trouvait dans les toilettes, au cas où quelqu'un venait à l’appeler, alors qu'il aurait pu s'aventurer dans un jouissif et palpitant magazine culinaire au wok durant le largage de pêches du matin. A la dix-huitième et dernière tentative, notre flic très essoufflé et et inspirant tel un cancéreux céda au supplice de sa mésaventure et sortit, armé de son caleçon blanc, à la recherche d'un bout de papier et d'un stylo Montblanc saveur framboise des bois. Heihachi, gai et insipide comme toujours, sonna à grand poing ferme et détendu à la porte d'une boutique où pendouillait une pancarte avec une inscription des moins banale "Clauzèd". Une ombre se vit dans l'obscurité de la pièce se rapprochant petit à petit puis quelqu'un l'accueilla :
- « Désolé, mais je n'ai pas de monnaie sur moi ! »
Heihachi ne comprit pas pourquoi il flippa, mais un robot géant qui veut lui filer d'la thune, ça avait l'air louche... Oh oui, très très louche... Trop trop louche pour notre héros...
- « Vous voulez prendre un bain ? Questionna la silhouette se révélant être un robot. »
- « Non misérable ! Figurez-vous que je suis à la recherche d'une plume d'oie de caille me permettant une souscription éternelle d'analphabétisme conjugale kiosque douée d'une intelligence euh, vraiment supérieur ! »
- « Vous voulez dire.. mon cerveau ? »
- « Ah nan nan nan... »
Et Heihachi brandit instinctivement son arme contre son agresseur présumé, coupable de crime contre l'humanité. Le robot, affolé par le courant d'air que sécrétait cette porte normalement fermée, s'enrhumait dangereusement. Il tenta par tous les moyens de se débattre comme il le pouvait face à une attaque si adroite et maligne. Mais tout à coup... Patatra ! Un bruit terrible ! Malheureusement, notre jeune héros se blessa.
« Outch ! » s'éxprima t-il. Le portable d'Heihachi sonnait, rendant la bataille de plus en plus abrupte et ce dernier semblait complètement excité à l'idée de reparler à sa femme après toutes ces décennies passées et malaxées sans la moindre carte postale.
Un bruit totalement étrange se fit entendre :
- « Ouaaane, toooou, fouii, faaaaur, faaaïveu, siiix... »
- « Tiens, je ne comprends pas, j'ai pourtant pas déclenché mon chronomètre...? »
Non, ce n'était pas le délicat son de son chronomètre spécial "combien-je-peux-manger-de-Chipster-en-une-heure", mais bel et bien une voix qui sortait de nul part !
- « Séveun, haaaïte, naaaïne... »
« Combien de temps cela allait donc durer ? », se demanda t-il, puis en regardant ses chaussures de ville, il s'empressa de remettre son scratch ôté lors du combat sans trucage.
- « Tèèèn ! »
Puis le robot d'acier géant tournicotant cassa l'ensemble de ses vitrines laissant ainsi une panoplie d'armes variées et diverses et un fracas de verre indéfinissable rayonna dans toute la cité. L'homme aux deux sabres collés au ben se demanda si le robot était décédé d'une mort naturelle luxurieuse. Il prit le dernier Gun qu'il vit et tira sur une grenade rangée à côté du C4 devant le petit étendard de bonbons « Dynamito, la bubble gum à tout péter ! ». Mais il rata son coup et la balle en blanc finissa sa course dans la tête humaine du robot moche.
Heihachibre, accompagné de sa nouvelle monture, partit à l'aide de son skateboard, la moustache au vent, vers une contrée plus lointaine.